Les transports exceptionnels, qui acheminent toutes les pièces importantes et indivisibles, sont un maillon indispensable à toute chaine industrielle (énergie, bâtiment, génie civil, construction mécanique, etc.). Jusqu’à présent, leur accompagnement par des policiers est obligatoire. Une réforme est en cours qui permettra une externalisation des missions d’accompagnement. Le Ministère de l’Intérieur a anticipé cette réforme et réduit la disponibilité des forces de l’ordre sans attendre la mise en place réglementaire du nouveau dispositif. L’UFL, syndicat affilié à TLF, attire l’attention des pouvoirs publics sur les risques d’une telle situation face à laquelle le gouvernement fait la sourde oreille.
Dans le cadre de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), une réorientation des forces de l’ordre sur leur mission principale de maintien de l’ordre, a été décidée. Ces dernières n’assureront plus les missions d’accompagnement des transports exceptionnels, lesquels, composés de grues de grand tonnage et de véhicules spéciaux, servent à l’acheminement des pièces de grande taille à destination de l’industrie, du bâtiment et du génie civil (éoliennes pour EDF, pièces d’assemblage pour Airbus, éléments de cuves pour les centrales électriques, etc.).
Certes, les pouvoirs publics ont prévu une réforme permettant le recours à des sociétés privées d’accompagnement. Cependant, la nouvelle réglementation encadrant ces futurs « guideurs professionnels », préparée en collaboration avec les organisations professionnelles, dont l’Union Française du Levage (UFL), syndicat professionnel affilié à TLF, qui devait s’appliquer dès juin 2010 n’entrera au mieux en vigueur qu’à compter du 1er trimestre 2011. L’Administration a retardé sa mise en oeuvre pour des considérations liées à la formation professionnelle. Il n’en demeure pas moins que selon les organisations professionnelles, les raisons avancées ne sont pas de nature à empêcher une expérimentation transitoire faisant appel à des « guideurs professionnels » bénéficiant de l’équivalence. Il est à noter que les professionnels du secteur se sont déjà organisés pour ce faire.
En attendant, force est de constater que les transporteurs de convois exceptionnels se trouvent confrontés à une situation catastrophique : les effectifs d’accompagnement du Ministère de l’Intérieur ou leur disponibilité ont en effet été réduits sans que le dispositif d’accompagnement privé ne soit encore en place.
Malgré les mises en garde répétées des professionnels du secteur, dont l’UFL, l’Administration feint d’ignorer les risques occasionnés par une telle situation tant pour les industriels que pour les usagers de la route (retards de livraisons, ruptures d’approvisionnement dans l’industrie, embouteillages monstres, etc.) et de ne pas entendre la demande de solution de remplacement provisoire prônée par nos organisations. Dans ces conditions, on peut redouter que les ports de Dieppe, Rouen, Nantes-St Nazaire et d’autres ports ainsi que les postes frontières ne soient encombrés par des convois positionnés sur la route mais non accompagnés.
Il serait pourtant pour le moins étonnant et affligeant, si malheureusement les pouvoirs publics refusaient les propositions avancées, d’apprendre que des forces disponibles auraient été affectées ailleurs…, laissant pour compte le monde du travail et nous signifiant ainsi que dans notre pays, il est traité sans égard.